Blade Runner 2049

35 ans. C’est le nombre d’années qui séparent l’oeuvre originale, Blade Runner, joyau des années 80, pilier du tech-noir et du cyberpunk, et Blade Runner 2049, suite tant attendue mais aussi tant redoutée. En effet, comment arriver à la cheville du chef-d’oeuvre de Ridley Scott, adaptation de « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », roman génialissime de Philip K. Dick…? Le réalisateur Denis Villeneuve, à qui on doit notamment Prisoners, Sicario ou encore Premier Contact, a relevé d’une main de maître le défi.

Faut-il avoir vu Blade Runner avant de voir Blade Runner 2049 ? Alors, autant on peut voir Transformers 5 sans avoir vu aucun autre Transformers avant, autant il est préférable de voir le film de Ridley Scott avant de voir celui de Denis Villeneuve.

Attention, SPOILER ALERT. Ne lisez pas la suite si vous n’avez pas encore vu les deux films et que vous ne souhaitez pas vous gâcher quelques surprises.

Blade Runner

Les quelques lignes que vous allez lire sont mon avis sur le film, mon ressenti. Je suis allé voir Blade Runner 2049 le jour de la sortie, et j’écris cette article alors que je viens de revoir pour la, je ne sais pas, 10e fois peut-être, Blade Runner alors qu’il passait sur ARTE. Le film de Ridley Scott aura marqué toute une génération non seulement de spectateurs, d’ados, mais aussi de (futurs) réalisateurs, créatifs, artistes… Sans Blade Runner, pas de Matrix, pas de David Bowie dans The Nomad Soul ou de Syndicate sur Amiga 500. Le film est lent, très lent, contemplatif avec ses nombreux plans de la ville (larges, vu du ciel, ou bien « en bas », parmi la foule) hallucinants pour l’époque et qui n’ont pas pris une ride même 35 ans après. Un futur… quasi présent, l’histoire se déroulant en 2019. Un monde où l’on parle plusieurs langues à la fois, à la technologie très avancée, un monde où les animaux réels n’existent presque plus mais où on fabrique  des animaux de substitutions… et aussi des répliques d’humain, esclaves appelé Nexus. C’est dans ce monde que nous suivons Rick Deckard, un blade runner (un chasseur de répliquant), dans l’une de ses traques qui vont l’emmener à affronter plusieurs Nexus mais aussi à rencontrer l’amour en la personne de Rachel, jolie brune aux yeux verts (ou pas).

J’ai été étonné de voir qu’autour de moi, beaucoup de personnes de tout âge n’avaient pas vu ce film. Des gens de la génération x (ce n’est pas comme si on avait eu Netflix à notre époque, le choix était un peu plus restreint, et donc Blade Runner faisait figure de référence dès lors que les styles science-fiction et film noir (d’où le « tech-noir ») nous parlaient. Mais aussi des gens de la génération y, quasiment nés geek, fan de Warhammer 40K ou de One Piece, ayant eu accès assez tôt à l’open bar de la musique et de la vidéo. Le film n’ayant pas pris une ride (contrairement à Harrison… mais bon c’est notre lot à tous), on peut le regarder aujourd’hui sans problème. Mais quel dommage de ne pas l’avoir vu dans les 80’s… La prouesse de la réalisation de l’époque fait qu’en 2017, rien en sonne faux, rien ne fait kitsch.

Bref, après un tel chef d’oeuvre, pas évidemment de réaliser une suite.

Blade Runner 2049

En ce qui me concerne, défi relevé haut la main. Beaucoup disent que c’est trop. Trop contemplatif, trop long, trop lent. Ou bien que ce n’est pas assez. Pas assez fouillé au niveau du scénar, pas assez travaillé au niveau des personnages, pas assez détaillé que les précédents films du réal. Damn… Les gens ne peuvent pas uniquement kiffer, il faut constamment se prendre la tête…

J’ai trouvé le film extrêmement beau visuellement. Ayant eu un orteil dans le monde du cinéma, un pied et une main dans le monde de la photo, tout ça en version « l’envers du décor », production, réalisation… Je ne peux que dire RESPECT. Tout est vraiment époustouflant visuellement. Des tenues aux décors en passant bien entendu par les effets spéciaux, wow… Et quel plaisir de retrouver cette ambiance tech-noir, cette mégalopole surpeuplée, tous ces gens parlant chacun leur langue, les publicités pour le moins intrusives, et toujours en toile de fond ces fameuses colonies de l’espace qu’on ne voit jamais, mais dont on entend  parler en bien, mais aussi (le plus souvent) en mal.

Le scénario, relativement simple, va dans la continuité du Blade Runner original. Une bonne suite, ça se tient, et on n’a pas de rebondissement improbable. Alors oui c’est assez simple, mais ça fonctionne.

Les personnages… Ah mon petit Ryan. Encore une fois, on va dire qu’il vient du passé, de l’époque où il n’y avait pas de dialogue genre The Artist. Qu’il a toujours la même expression. Qu’il dit deux mots et pousse trois cris. Etant un répliquant nouvelle version, ça se tient. Et je trouve que sa présence à l’écran n’a pas besoin de long discours pour qu’il ait une consistance. Non je ne dis pas ça uniquement à cause de son physique avantageux (une de mes collègues a une photo de lui torse nu posée sur son bureau… L’effet Ryan).
J’ai adoré le personnage de Joi.  Là encore, pas (uniquement) à cause de son physique. Cette IA représente exactement ce vers quoi nous tendons, d’ici quelques années. Alors le côté hologramme je ne sais pas. Mais quand on voit les discussions qu’il est possible d’avoir avec certains chatbots… On se dit que ce n’est pas pour dans très longtemps. On retrouve du Her (le film de Spike Jonze) au niveau des échanges, avec l’IA qui est visible cette fois. Et ça apporte de la consistance à une intelligence artificielle, pour sûr. Ce personnage, qui tient compagnie à l’officier K, et qui va bien plus loin, est tout aussi fascinant qu’il peut être tristement flippant, étant le reflet de la solitude extrême du personnage principal.
La remplaçante de Rachel, sadique à la larme à l’oeil, reprend le flambeau dans le rôle de la jeune brune égérie, ce personnage (la brune) étant dans de nombreux livres de Philip K. Dick. Il représente sa soeur jumelle, morte quelques semaines seulement après sa naissance, créant un véritable traumatisme pour l’auteur. Et son obsession pour ce qu’elle aurait pu être, pour la femme qu’elle aurait pu devenir. Brune, belle, jeune.
Jared en psycho mégalo, c’est toujours bon à prendre.
Et Harrison. Toujours au top. Son personnage, ermite reclus, qui a tout sacrifié par amour, aurait peut-être pu être un poil plus exploité. En tout cas, je m’attendais à ce qu’il soit un peu plus présent, mais bon, il fallait bien appâter le chaland en lui mettant du Deckard à toutes les sauces dans les bandes annonces et autres interviews et photos.

Alors effectivement, c’est long. Mais je n’ai pas vu le temps passer.

C’est lent. Mais ça m’a permis de profiter de ces plans magnifiques, de cette musique prenante.

Ce Blade Runner 2049 ne deviendra peut-être pas aussi culte que son prédécesseur. Mais il restera pour moi un des films qui m’aura marqué cette année. Entre les remakes en mode pétards mouillés, et les suites foireuses, le film de Denis Villeneuve est une véritable réussite. A voir impérativement au cinéma pour bien s’en prendre plein la figure, et plein les oreilles. Et aussi pour reprendre la réflexion là où nous l’avions laissé à l’époque du film de Ridley Scott : « les androides rêvent-ils de moutons électriques…? ».

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