Avec le recul, les analystes sont de plus en plus persuadés que Facebook a joué un rôle particulièrement important dans les dernières élections américaines. Sans aller dire que Trump a été élu à cause du réseau social, l’impact de Facebook dans la diffusion des fake news et dans la mauvaise perception des événements a influencé, d’une manière ou d’une autre, les résultats finaux. L’algorithme de Facebook en France diffère certes de nos voisins américains mais cela serait naïf de penser que le réseau social ne nous influence pas dans ces élections présidentielles si étranges. J’en ai même un début de preuve…
« Fake news »
Mais avant de parler de notre cas, revenons sur les mécanismes de Facebook qui pourraient influencer nos intentions de votes. Tout d’abord les « Fake News ». Rendues tristement célèbres par Trump himself, ces fausses informations sont particulièrement diffusées sur le réseau social. Pourquoi ? Tout simplement parce que Facebook se base sur les interactions pour distribuer un contenu. Plus un article sera cliqué, partagé, commenté… plus il sera vu sur le réseau social. C’est ce que toutes les marques cherchent à faire, le buzz…
Persuadés de tenir une exclusivité, ou choqués par l’information en tant que telle, les utilisateurs partagent allègrement ces fausses informations, sans vérifier si elles sont fiables ou non. C’est avec ce mécanisme que j’ai vu pendant 6 mois dans mon fil d’actualité un article affirmant que Najat Vallaud Belkacem voulait enseigner l’arabe au CP, ou plus récemment que la campagne d’Emmanuel Macron était financée par l’Arabie Saoudite. Des fake news qui faussent le jugement des utilisateurs les plus négligents et qui renforcent les idées préconçues sur les candidats.
Une campagne de désinformation dont il est facile de se prémunir, en recherchant plusieurs sources sérieuses, ou/et en cultivant votre esprit critique. Les français sont de plus en plus méfiants envers les médias, ils devraient également l’être sur la toile. Pour m’aider dans cette tâche, j’utilise personnellement une extension Google Chrome nommée Decodex. Alimentée par les journalistes du Monde, cette extension affiche un indicateur de confiance à chaque fois que vous arrivez sur un site internet. Très pratique pour faire le tri rapidement.
Les bulles Facebook
Autre phénomène pervers de Facebook, les bulles sociales. A l’instar de Google, Facebook a pour objectif de déterminer les sujets qui vous intéressent pour alimenter votre fil d’actualité avec uniquement du contenu pour lequel vous avez une affinité. L’algorithme analyse donc votre comportement sur le réseau social, mais aussi dans votre navigation web, pour identifier vos centres d’intérêt.
Le problème de ce mécanisme c’est que vous n’êtes jamais confronté avec des opinions différentes de la votre. Vous allez donc inconsciemment être conforté dans vos idées, sans pour autant avoir connaissance d’un autre point de vue que le votre. Plus grave encore, vous pourrez avoir de fausses perceptions des tendances.
Par exemple, si vous ne lisez que des témoignages outrés des affaires « Fillon« , vous êtes alors convaincus que le candidat « Les Républicains » n’a aucune chance d’être au second tour. Or, d’après les organismes d’analyse de Big Data, qui ont annoncé le Brexit et l’élection de Trump, Fillon serait aux portes du second tour dernièrement. Impensable lorsqu’on ne lit que des témoignages allant dans notre sens…
Facebook me suggère Macron
Tout ça pour dire que Facebook m’a joué un drôle de tour récemment. Comme vous pouvez le voir sur la capture, le réseau social me propose une vidéo de Macron se défendant de son statut de banquier. Vous allez me dire que c’est normal, que par le passé j’ai dû interagir avec une publication au sujet de ce candidat, or ce n’est pas le cas. Depuis le début de la campagne, je fais très attention pour ne pas interagir depuis Facebook. Le seul contenu politique que je suis susceptible de consulter, je le fais depuis des applications d’information, hors de Facebook.
Alors, la question qui se pose est la suivante : pourquoi Facebook me propose, naturellement, une vidéo de Macron ? Ma théorie, c’est qu’il me suggère ce contenu par rapport à mes amis : « Qui se ressemble s’assemble » . Je dois avoir une majorité de mes amis Facebook qui doit avoir une affinité avec ce candidat.
Pour confirmer cette théorie, j’ai analysé le contenu du fil d’actualité de mon profil Facebook professionnel. Il est complètement différent ! Marine Le Pen et Mélenchon ont largement la côte ce qui est loin d’être le cas sur mon profil perso…
Je ne veux pas être alarmiste, mais il est certain que Facebook et son algorithme nous influencent inconsciemment. Prenez de la distance et surtout soyez vigilant. Ce n’est pas parce que vous l’avez vu sur Facebook que c’est la vérité.
Une dernière chose, n’oubliez pas, le vote est gratuit mais se paye cher. Alors ne vous faites pas influencer par Facebook, tout vote sera utile.