Black Mirror s’est peu à peu installée sur Netflix grâce à son pitch génial : cette série d’anticipation traite des technologies qui pourraient voir le jour dans un futur très proche (voire arriver dans notre quotidien entre la sortie de l’épisode, et le développement de ladite technologie). Chaque épisode se déroule dans ce futur pas si lointain, et amène donc une réflexion sur la dérive des technologies, l’impact que ça aurait sur les relations humaines, etc… c’est un ton très pince-sans-rire (série anglaise oblige) qui nous amène à l’épilogue à chaque fois. Cette approche « sérieuse » de ce que pourrait être notre avenir, avec plein de gadgets, d’applis est très importante à concevoir, et à voir car si pour le moment, on se dit qu’on ne verra probablement pas ces technologies de notre vivant, on oublie que le rythme de développement desdites techs s’accélère de plus en plus.
Meilleur exemple, le film « Minority Report » que j’ai vu à 13 ans (en 2002) : tout était incroyable, les senseurs haptiques, les écrans holographiques ça nous paraissait loin. Et au final, d’ici 10 ans il se pourrait bien que ce genre de choses intègre notre vie quotidienne.
Est-ce qu’après 3 saisons, une nouvelle saison de Black Mirror arrive à garder sa qualité, tant au niveau des sujets abordés, que de la production des épisodes ? La réponse dans la suite cet article.
Black Mirror, encore novateur après 3 saisons ?
Le succès de Black Mirror, outre son excellente réalisation, vient de son approche face à la technologie, et ses dérives. Si l’époque à laquelle les intrigues de Black Mirror se situe à vue d’oeil à une cinquantaine d’années de notre époque. La technologie s’est totalement fondue dans notre mode de vie, et crée des situations, qui à notre époque semblent rocambolesques, mais qui dans 50 ans pourraient être réalité. C’est ce côté « ça pourrait arriver bientôt » qui fait que Black Mirror fonctionne bien. Voici, à travers les différentes saisons de Black Mirror, les épisodes que j’ai trouvé vraiment intéressants:
Saison 1
« L’Hymne National »
Le Premier Ministre britannique subit un cyber chantage et doit faire un acte déshonorant s’il veut que la Princesse enlevée lui soit rendue saine et sauve.
On a assisté, dans une moindre mesure, à ce genre de dérives lors des deux Fappenings notamment, où des célébrités se sont faites piratées leurs comptes iCloud, et toutes les photos intimes lâchées sur le Net.
« Retour sur Images »
Cet épisode est un de mes préférés de toute la série. La majorité de la population peut se faire implanter une « graine », petit objet technologique qui enregistre 10 ans de votre vie à travers vos yeux. Mieux qu’un stockage Cloud, vous pouvez ainsi revivre tout ce que vous avez vu, sans risque de souvenirs qui s’effacent peu à peu.
L’épisode se base surtout sur l’usage apparemment bénéfique de cet objet, mais aussi l’élément humain qui arrive, une fois de plus, à détourner la graine de son usage premier. Episode glaçant où ce n’est pas tant la technologie en cause, mais la personne qui l’utilise.
Saison 3
« Chute Libre »
Cet épisode est probablement un des plus « burlesques » et pourtant probable de notre futur. En effet, toute votre vie est guidée par votre notoriété online. Vous êtes noté/e par tous les gens que vous croisez, ce qui engendre une société en apparence très cordiale et civile, mais qui au final n’est qu’un ramassis de faux-culs. Lacie est invité au mariage d’une de ses amies très bien cotée, ce qui est autant un honneur, qu’une preuve de son existence dans le monde. Tout ne va pas se passer comme prévu, et Lacie va découvrir ce que c’est que chuter en popularité, et donc en catégorie sociale.
Les réseaux sociaux sont clairement en ligne de mire, et on voit leur effet destructeur poussé au maximum (mine de rien, les codes sociaux ont déjà été transformés en profondeur depuis l’arrivée de Facebook et consorts). Il faut, dans cet épisode, bénéficier d’un certain « rating » pour acheter une maison. Si jamais vous n’êtes pas au niveau, un coach en gestion de réseaux sociaux pourra vous coacher pour augmenter l’engagement de vos publications, et donc votre rating. On en est pas loin avec la possibilité de noter vos conducteurs/livreurs Uber.
« San Junipero »
San Junipero est un épisode génial, traitant de deux thèmes assez importants actuellement: l’acceptation de son homosexualité par ses proches, et l’euthanasie. L’ambiance rétro accompagne parfaitement cette amourette.
« Haine Virtuelle »
L’extinction des abeilles est un sujet sérieux actuellement, car sans elles et leur pollinisation, la planète finirait bien vite par dépérir (ces petits insectes sont responsable de 75% de la pollinisation de nos cultures, c’est vous dire). Dans cet épisodes, les vraies abeilles ont disparu, et des micro-robots les ont remplacées. Les ruches sont présentes dans toutes les villes, et sont autonomes. La mort d’une journaliste met la puce à l’oreille (lol) de la police technologique et lance une course-poursuite contre un mystérieux hacker.
Saison 4
« USS Callister »
Beaucoup de gens ont parlé de cet épisode. Je ne l’ai trouvé sympa que parce qu’il est kitsch à crever. Fans de Star Trek and co, c’est pour vous. La technologie présente dans cet épisode est un scanner à ADN, qui permet de créer une copie conforme à partir d’une personne réelle, et l’intégrer dans un jeu vidéo. C’est un peu le concept du stalker poussé à l’extrême qui nous fait grincer des dents.
« Hang the DJ »
Cet épisode m’a parlé car on sort de l’atmosphère profondément négatif qui fait la marque de fabrique de Black Mirror. Le ton est plus léger, ce qui n’était pas désagréable.
Les couples sont désormais créés grâce à une application, qui mesure votre compatibilité et celle de votre partenaire à 98,2%. Pour découvrir quelle sera votre match parfaite, vous n’avez pas d’autre choix que d’enchaîner des relations plus ou moins longues avec d’autres partenaires sélectionnés par l’IA qui gère le système. Entre Tinder, AdopteUnMec et OKCupid, nous ne sommes plus très loin de ce genre de situations.
« Black Museum »
Dernier épisode de la saison 4, Black Museum nous offre l’histoire de ce musée de l’horreur, qui collectionne des objets ayant servis à des crimes technologiques (l’épisode est blindé d’Easter Eggs concernant la série, on retrouve notamment le scanner ADN de USS Callister, ainsi que les abeilles de « Haine Virtuelle »). Le propriétaire fait la visite du musée à une jeune femme, nous emmenant dans un mini-épisode à chaque fois qu’il présente un des objets de sa collection.
Le premier artefact est un ours en peluche: il est habité par la conscience d’une femme tombée dans le coma. On propose à son fiancé de transférer sa conscience dans la partie non-utilisée de sa tête, afin que les deux puissent profiter de leur enfant. Malheureusement, la cohabitation ne se passe pas bien du tout, et tout dégénère.
Le deuxième artefact (et clairement le plus creepy) permet à un mauvais chirurgien de ressentir ce que ses patients ont. Il s’habitue à la douleur, et commence à se comporter de manière extrême…
Je vous laisse la surprise pour le troisième artefact, qui est surprenant, et très dans le ton de Black Mirror : glaçant, et très humain.
Le rythme est plutôt bon, les différentes scènes plutôt réussies, et surtout une fin magistrale. J’ai particulièrement aimé la scénette sur le docteur, ainsi que le cas de conscience du nounours. Que feriez-vous si vous étiez confronté à ce genre de choses ?
Les thèmes abordés
Le gros point faible de cette saison 4 de Black Mirror est le choix des thèmes et le manque d’approfondissement de certains épisodes, et c’est très dommage.
Arkange
Cet épisode aurait pu être excellent, si Jodie Foster n’avait pas retenu son sujet. L’Arkange est une puce qu’on peut insérer dans le cerveau d’un enfant, et ainsi surveiller ses faits et gestes car on voit à travers ses yeux. Il est également possible de flouter en direct tout ce qui pourrait être dangereux, ou pas adapté pour l’enfant. Marie, maman total control freak de son état, utilise cette technologie à outrance, mais quand son enfant Sara commence à poser des questions curieuses (la petite n’a jamais vu de sang par exemple, et ne sait pas ce qu’est la violence), et à agir de manière étrange, se rend à l’évidence : elle doit désactiver la puce.
L’adolescence arrive pour Sara, et avec les frasques habituelles: la cigarette, les mecs, l’alcool… Un soir où elle ne rentre pas, Marie réactive la puce, et découvre que sa fille n’est pas si innocente qu’elle le pensait, et s’immisce dans la vie intime de Sara sans qu’elle le sache. Lorsque Sara le réalise, elle explose.
C’est là que le problème est. Le stalking de Marie est hyper poussé, et fait monter progressivement la pression. Cette pression, tout du long de l’épisode, cherche à s’échapper, pour réussir à exploser en toute fin. Problème, ce qui se passe n’est pas à l’échelle de ce qui s’est passé, et cette fin d’épisode laisse vraiment un goût d’inachevé dans la bouche. Dommage.
Crocodile
Un épisode qui arrive à faire monter le suspens, mais se termine sans queue ni tête, à cause d’un hamster. Tout est dit.
Metal Head
Metal Head est un foutage de gueule monstrueux. On est d’abord trompés par cet épisode en noir et blanc, dans un futur post-apocalyptique. Trois personnages apparaissent. On apprend leur nom, ils cherchent quelque chose dans un entrepôt, et ont l’air d’être aux aguets. OK. Et là, un des mecs trouve le carton qu’il cherchait, ainsi qu’un « chien ». Une sorte de robot, qui fait exploser une grenade dont les shrapnels sont des traqueurs pour les autres chiens.
Comment en sont arrivés-là les humains ? Aucune idée. Qui sont ces survivants ? Aucune idée. Pour la mise en situation, on a vu mieux. Bella, la seule survivante, est traquée par le robot-chien et fuira jusqu’à une grande maison, où elle finira par trouver la mort suite à un combat contre le robot-chien. Voilà. Vous avez tout l’épisode résumé. Et pas une seule fois on ne comprend ce qui se passe. Le seul point positif de l’épisode, c’est le décalage entre le côté mignon du chien (qui fait beaucoup penser à un jouet) et son potentiel de destruction. Mais rien n’est captivant, on est presque content que ça se termine.
Conclusion
Si Black Mirror a su nous offrir des sujets intéressants au fil des saisons, ce n’est pas vraiment le cas sur celle-ci. Trois épisodes qui valent le coup d’être regardés sur six, c’est pauvre, et on espère qu’ils se reprendront si cinquième saison il y a. Foncez regarder « Black Museum », et si vous avez du temps à prendre, regardez les autres.
P.S: Le titre de la série Black Mirror provient d’une chose toute bête. Regardez-vous avec l’écran de votre téléphone éteint. Un miroir noir 😉